L’invention de la photographie, Portrait d’Honoré de Balzac. Louis-Auguste Bisson





L’invention de la photographie, le daguerréotype

D’abord cantonné au domaine de la nature morte, en raison de la longueur des temps de pose, le daguerréotype reçut de nombreuses améliorations dès les années 1840 : tandis que la stabilité de l’image et la sensibilité de la plaque étaient renforcées, la durée de la pose diminua considérablement, passant d’une quinzaine de minutes par temps clair en 1839 à environ une minute. Désormais, les portraits au daguerréotype devinrent possibles, entraînant la multiplication dans ce type de prises de vue à Paris.
Plusieurs d’entre eux se distinguèrent tout particulièrement : citons celui des frères Bisson, qui accompagnèrent les débuts de la daguerréotypie, réalisant des portraits en quelques secondes dès 1841. Leur atelier parisien vit défiler , parmi lesquelles Honoré de Balzac, dont le portrait, exécuté en mai 1842, peut être attribué à Louis-Auguste Bisson .

Cette photographie est célèbre à double titre, car il s’agit du seul portrait photographique authentifié de l’écrivain et de la plus ancienne épreuve précisément datée de l’atelier Bisson. Ce portrait, qui se démarque nettement de la production stéréotypée de l’époque, représente le modèle dans , en buste, une main posée à hauteur du cœur sur la chemise largement ouverte, la tête légèrement de biais. Le fait que Balzac ne regarde pas l’objectif traduit sa défiance vis-à-vis du nouveau procédé – il lui prêtait un caractère magique et redoutait qu’il le prive de son enveloppe charnelle.
Cette photographie au daguerréotype montre que l’invention suscita un véritable engouement au sein d’un public cultivé attirés par ses multiples possibilités d’enregistrement du réel.

Se substituant à la gravure, le daguerréotype offrait par sa fidélité inconditionnelle à la réalité une de voir le monde, plus exacte et exempte de tout remaniement. Grâce à la technique du cadrage, il permettait par ailleurs de faire ressortir certains détails ou, au contraire, de replacer les objets dans leur environnement, comme dans le cas des vues urbaines. S’attaquant à un vaste répertoire de sujets, les daguerréotypistes ont ainsi ouvert la voie de photographie dite documentaire, appelé à un grand avenir. Cependant, le succès du daguerréotype fut éphémère : dès sa naissance, de nombreuses critiques furent formulées à son encontre, qui visaient en particulier la lenteur des prises de vue, l’aspect statique des modèles et le miroitement de la plaque. De plus, le matériel photographique, , se révélait peu adapté à des prises de vue en extérieur. Ces défauts expliquent pourquoi le daguerréotype connut, dès les années 1850, une désaffection au profit de nouveaux procédés négatifs permettant d’obtenir une , instantanée et fine.
Oefeningen - Exercices de français Auteur : Charlotte Denoël
Titre : Portrait d’Honoré de Balzac. Louis-Auguste Bisson (1814–1876)