Le paysage français







Entrée du village de Voisins.


Alors que l’industrialisation et l’ progressent, alors que de 1849 à la Commune le prolétariat des villes semble à la bourgeoisie de plus en plus menaçant, alors qu’à partir des années 1870 l’exode rural commence à vider certaines régions, les paysagistes français, de l’école de Barbizon et de Rosa Bonheur jusqu’à Corot en passant par certains impressionnistes, se plaisent à immerger leur clientèle citadine dans idylliques, joyaux d’un monde encore préindustriel.
Les paysages et les villages de ces peintres offrent l’image d’une France préservée, menant dans un cadre à la fois " éternel et familier " une douce existence, loin de la et des dangers de . Ici, on se sent protégé, " chez soi ", et cet enracinement s’inscrit en faux contre une mobilité inquiétante, celle des ouvriers, des vagabonds, des errants. L’idéal qui s’exprime dans les paysages français de la deuxième moitié du XIXe siècle est celui d’un agrarisme tempéré et humble, appelé à une longue fortune, tant il est vrai que ces tableaux offrent l’image de la France dont les républicains rêvent, – une France de petits propriétaires, de et de " coteaux modérés ".

Une paix comparable environne L’Entrée du village de Voisinsde Pissarro. Le temps semble s’être . Humble , bâtisses sans prestige, arbres maigres, murets, chaque chose est à sa place dans ce village qui somnole, loin des transformations du monde. On retrouve, comme chez Corot, la modestie, le sens de et de la mesure qui caractérisent cette France des campagnes chère au cœur des dirigeants de la IIIe République.

Oefeningen - Exercices de français Auteur : Ivan Jablonka.
Peinture : Entrée du village de Voisins. Camille Pissarro