L'ouvrier artisan








Gustave Caillebotte (1848-1894)


Il montre des artisans au travail dans un bourgeois peut-être situé dans la plaine Monceau, dans l’ouest parisien, un des quartiers nés des travaux de la rénovation de Paris par Haussmann sous le Second Empire.

Cette transformation a profondément modifié le tissu social en compartimentant encore plus les catégories de population : à la répartition « verticale », qui assignait les étages élevés aux domestiques, a succédé une répartition « horizontale ». Les ouvriers sont désormais relégués à la périphérie de Paris, loin des du centre redessiné par Haussmann. Cette image parle du travail manuel et des métiers désormais disparus.
Le tableau surprend par son sujet (de petites gens auxquelles il n’était pas d’usage de s’intéresser) comme par son cadrage en plongée. L’artiste exprime par ces choix son intérêt pour d’authentiques ouvriers-artisans : en témoigne le gros plan sur leurs bras. Il a conscience de la pénibilité de leur tâche et le montre : ils travaillent à genoux, leur peau luit . Le réseau de enferme ces hommes dans un univers rigide duquel le regard du spectateur ne peut lui non plus s’échapper.

Mais plus que de compassion, il s’agit d’une célébration : leur musculature puissante est mise en valeur par la lumière rasante. Caillebotte traite son sujet avec une dignité et une sobriété qui excluent tout misérabilisme. Il s’agit, par la chaleur des couleurs, de dire la noblesse du travail, la qualité du matériau : . Ces hommes sont par ailleurs solidaires les uns des autres – leurs gestes s’accordent, sans qu’il soit besoin de mots. Peu , ils sont réduits à leur fonction. C’est plutôt sur la dimension sociale qu’insiste l’artiste : ces artisans gagnent leur vie en aménageant un intérieur dont les stucs et les fers forgés disent le luxe. Ils accomplissent leur destin, qui ne manque pas de grandeur.

Caillebotte célèbre ici la dignité des travailleurs et l’amour du travail . Il valorise la qualité et la compétence des ouvriers, leur solidarité. La beauté du tableau rejaillit sur ces travailleurs et les requalifie : elle invite à les prendre en considération à une époque qui portait sur les milieux modestes un regard souvent entaché de préjugés négatifs ou .

Oefeningen - Exercices de françaisAuteur : Fleur Siouffi.
Peinture : Raboteurs de parquet. Gustave Caillebotte