Marie

 

Marie. Guillaume Apollinaire. Alcools – poèmes 1898-1913. Frans leren, Vivienne Stringa

Marie

 

Vous y dansiez petite fille

Y danserez-vous mère-grand

C'est la maclotte qui sautille

Toute les cloches sonneront

Quand donc reviendrez-vous Marie

Les masques sont silencieux

Et la musique est si lointaine

Qu'elle semble venir des cieux

Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine

Et mon mal est délicieux

Les brebis s'en vont dans la neige

Flocons de laine et ceux d'argent

Des soldats passent et que n'ai-je

Un cœur à moi ce coeur changeant

Changeant et puis encor que sais-je

Sais-je où s'en iront tes cheveux

Crépus comme mer qui moutonne

Sais-je où s'en iront tes cheveux

Et tes mains feuilles de l'automne

Que jonchent aussi nos aveux

Je passais au bord de la Seine

Un livre ancien sous le bras

Le fleuve est pareil à ma peine

Il s'écoule et ne tarit pas

Quand donc finira la semaine

Guillaume Apollinaire (Alcools)

Marie. Guillaume Apollinaire. Alcools – poèmes 1898-1913.