La psychologie cognitive au secours de l'apprentissage de la lecture

 

La psychologie  cognitive au secours de l'apprentissage de la lecture

    Élodie Courtejoie : Stanislas Dehaene, que se passe-t-il dans notre cerveau lorsqu’on apprend à lire ?

    Stanislas Dehaene* : La lecture est une invention qui nous permet d’accéder aux aires du langage dans notre cerveau par le biais de la vision.La psychologie cognitive au secours de  l'apprentissage de la lecture leerboek spreekvaardigheid, scholen, docenten, communication avancée, Uitgeverij, gespreksvaardigheid oefenen, erk-normen, methode spreekvaardigheid, mondeling eindexamen Frans, mondeling oefenen Frans, Frans leren, Vivienne Stringa, correspondentie, frans vertaligen Quelque chose qui n’avait pas été anticipé par l’évolution.

Il est probable que l’évolution de l’homme a permis de mettre en place un circuit pour le langage parlé, mais le langage écrit est une invention culturelle nouvelle. Nous avons créé des systèmes de symboles, des lettres ou des caractères, qui permettent facilement à notre système visuel de reconnaître la combinatoire* de ces objets et d’accéder par ce biais-là à la fois à la prononciation des mots et à leur sens.

Donc, toute lecture consiste d’abord à reconnaître la chaîne de lettres – il y a une région bien précise dans le cerveau, que j’ai appelée de façon un petit peu amusante : « la boîte aux lettres » du cerveau, c’est une région qui s’intéresse à l’analyse de la chaîne de lettres, la manière dont les lettres sont organisées dans l’espace - et sur cette base-là, notre cerveau va accéder à une représentation des phonèmes, la prononciation du mot, et également à une représentation du lexique, de quel mot s’agit-il et quel est son sens ?

    Élodie Courtejoie : Alors, pour l’enfant en maternelle, cette décomposition en phonèmes n’a rien d’évident ?

    Stanislas Dehaene : Exactement. Apprendre à lire, c’est à la fois mettre en place ce code visuel, mais aussi les connexions de ce code visuel vers le code du langage parlé. Et le code du langage parlé doit changer avec la lecture.

Les petits enfants comprennent ce que c’est qu’une syllabe – ils ont une notion de l’organisation du mot en syllabes –, mais ils ne savent pas ce que c’est qu’un phonème, c'est-à-dire la plus petite unité significative du langage parlé.

La différence entre [ba] et [ga], par exemple, porte sur le phonème, la consonne initiale de la syllabe [ba] ou de la syllabe [ga]. Eh bien, le code phonologique est en grande partie le résultat de l’apprentissage de l’alphabet. Il faut que l’enfant apprenne à reconnaître qu’il y a le même son dans [ba], dans [bo], dans [bø] et c’est une grande difficulté pour l’enfant, qui fait partie des difficultés de l’apprentissage de la lecture.

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Stanislas Dehaene* : Ancien élève de l’École normale supérieure, Stanislas Dehaene est aujourd’hui professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale. Membre de l’Académie des sciences, c’est également un spécialiste de l’imagerie cérébrale.