Poète... vos papiers! L'opéra du ciel

 

l'opéra du ciel

 

J'ai tant pleuré que je n'ai plus
Le souvenir de mes alarmes
Car j'ai versé jusqu'à la larme
Qui me donnait l'air ingénu
Et si mon cœur n'est pas plus pur
Que la source où boivent mes rêves
C'est qu'il est transpercé de glaives
Et qu'il reste criblé d'azur



Si j'avais les yeux du Bon Dieu
       Je me les crèverais
Et pour amuser les curieux
       Je les leur donnerais
Et par ces fenêtres nouvelles
Ils verraient ce « qu'on a cru voir »
Tous les millions de désespoirs
Vomis par mille clientèles



Si j'avais les yeux du Bon Dieu
Je pleurerais des larmes rouges
Et jusqu'au plus profond des bouges
J'apporterais la paix des cieux



J'ai tant battu la vanité
Que le sang me monte à la tête
Moi qui croyais être à la fête
Et qui vis dans l'absurdité
Le grand amour que j'ai conçu
Pour les humains de la déroute
A terminé sa longue route
Et je demeure un invendu



Si j'avais les mains du Bon Dieu
       Je me les couperais
Et pour aider les pauvres gueux
       Moi je les leur coudrais
Sur les moignons de la misère
Dans les coulisses du bonheur
Ils pourraient se pétrir des cœurs
A renverser la terre entière



Si j'avais les mains du Bon Dieu
Je giflerais la bourgeoisie
Et trouverais des chirurgies
Pour occuper ces beaux messieurs



J'ai tant chante les desespoirs
Que ma voix s'est humanisée
Et qu'elle semble être passée
Sur de sinistres abattoirs
Je me fous de leur « rédemption »
Et je ne crois pas aux miracles
Car dans l'enfer de mes débâcles
Satan n'est qu'un échantillon



Si j'avais la voix du Bon Dieu
       Je l'humaniserais
Et dans le micro des pouilleux
       Je l'emprisonnerais
Et sur les ondes migratrices
S'envolerait le chant nouveau
Qui bercerait tous les salauds
A la recherche des polices



Si j'avais la voix du Bon Dieu
Je gueulerais dans le silence
De l'éternelle voûte immense
QUE L'ON PRÉTEND ÊTRE LES CIEUX

 

Le poète englué

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